rouge chevauche la terre des sans nom, ana nb –
c’est là
vers là
la plainte suspendue dans le vent
jusqu’à l’éblouissement
sur la terre des sans nom
il voit
les bras enlacés aux herbes vivantes
il entend
la furie des bienveillantes
là
vers là
des peaux des yeux des cœurs
sur les rides de l’eau
des peaux des yeux des cœurs
sur la pointe vivante des herbes
des peaux des yeux des cœurs
sous le ciel
des peaux des yeux des cœurs
sur le chemin tendu
des peaux des yeux des cœurs
sur les rides rouges de l’eau
des peaux des yeux des cœurs
sous le ciel ample gris
des peaux des yeux des cœurs
sur les brûlures des pierres
des peaux des yeux des cœurs
dans l’air animal
air animal
surgit sur troncs branches cimes
cerne champ chemin cheval colline
domine arbres bleus
éclate langue larmes
saigne ciel nuages oiseaux
arrache paupières masque
profane peau mains corps
rouge chevauche la terre des sans nom
il voit
des bras en arc doigts écartelés
dans l’air des éblouis
des chevelures éteintes
dans l’air des inouïs
des corps étendus aux langues fendues aux langues foudroyées aux langues figées aux langues fouettées aux langues forcées
il entend
la marche fébrile des ombres
il entend le chant mortuaire
disperse ton enfance dans le vent envole toi
disperse les fleurs aux noirs desseins
oublie la danse aimante
il voit
le roi du haut des riens
dans la couleur du jour la couleur de la nuit mêlées
il voit
sang sur sceptre abandonné
il entend
des corps heurtent encore la pointe vivante des herbes
il entend
une voix dans l’illimité obscurité
il voit
la paume nue ouverte
il entend
le silence dans la gorge tranchée
ana nb
Pour qui vient y lire, le jardin sauvage, l’un des (*) lieux d’écriture d’ana nb, offre une prose rythmée, tendue, presque toute au questionnement inlassable, presque toute d’inquiétude, mais bruissante tout autant, et riche de foudroyantes lumières. Écriture chorale, aimerait-on à dire, mais qui de plusieurs voix, plusieurs ombres portées ou dites parvient à faire surgir une très belle « lumière noire », toute à l’intensité, toute à sa diction.
Univers d’un nocturne urbain qui se constitue autour de rues, de voix, de pas, d’arbres, de trajets, d’images – les photographies y contribuent elles aussi- et vient prendre forme d’une ville sur les planches qui font théâtre de voix.
(*) et ne pas hésiter non plus à rendre visite ici.
Les échanges de blog à blog en vases communicants se nouent chaque premier vendredi du mois. Vous pouvez en poursuivre la lecture ici.
3 août 2012 at 9 h 51 min
on entend bien ce silence, et rouge en effet…
3 août 2012 at 10 h 25 min
[…] c’est làvers làla plainte suspendue dans le ventjusqu’à l’éblouissementsur la terre des sans nom il voit les bras enlacés aux herbes vivantes il entend la furie des bienveillanteslàvers là des peaux des yeux des cœurssur les rides de l’eaudes peaux des yeux des cœurssur la pointe vivante des herbesdes peaux des yeux des cœurssous le cieldes peaux des yeux des cœurssur le chemin tendudes peaux des yeux des cœurssur les rides rouges de l’eaudes peaux des yeux des cœurssous le ciel ample grisdes peaux des yeux des cœurssur les brûlures des pierresdes peaux des yeux des cœursdans l’air animal […]